Prévu pour 2020, ce projet remplacera « Spaces », la précédente expérience sociale en VR de Facebook. Avec plus d’ambition, comme l’a expliqué Mark Zuckerberg dans une interview au « Point ».
Une quinzaine d’années après la déferlante Second Life, Facebook va-t-il réussir à générer autant d’enthousiasme avec son propre projet d’univers virtuel ? Mercredi 25 septembre, Oculus, la branche de Facebook dédiée aux logiciels et aux casques de réalité virtuelle (VR), a dévoilé Facebook Horizon. « Un monde en réalité virtuelle qui s’étendra en permanence, où vous pouvez explorer, jouer et créer de façon extraordinaire », selon le site dédié. Une première version du service sera lancée en 2020 en bêta privée.Lire aussi Absurde, créatif et débauché : dix ans après, « Second Life » est toujours bien vivant
Equipé d’un casque de réalité virtuelle (VR) Oculus, l’utilisateur sera plongé dans un monde virtuel, à la frontière entre le jeu vidéo et le réseau social, à l’esthétique cartoon. Après avoir personnalisé son propre avatar, il atterrira sur une sorte de place du village centrale, point de départ de l’expérience, où se retrouveront d’autres personnes. A partir de là, il choisira ses activités : échanger avec d’autres utilisateurs, se promener dans des mondes, créer des objets ou des lieux, jouer à des jeux, ou même « bâtir des communautés ».
Adieu, Facebook Spaces
L’entreprise californienne avait déjà lancé, en 2017, une première expérience sociale en VR estampillée Facebook, intitulée Spaces. Mais, comme nous l’écrivions après l’avoir testé à l’époque, ce programme tenait « davantage du gadget que de la révolution » : il n’était possible que de se connecter à quelques amis Facebook et la gamme des activités était très limitée. Toutefois, avait-on souligné, « les gens y sont moins reconnaissables que sur Skype, mais infiniment plus présents ».Lire aussi On a testé… Facebook Spaces, le réseau social en réalité virtuelle qui réinvente la soirée diapos
Deux ans plus tard, Facebook a donc décidé d’exploiter davantage ce potentiel, en passant la vitesse supérieure. Et Spaces en fera les frais, puisqu’il fermera dès le 25 octobre, tout comme Oculus Rooms, qui permettait aux utilisateurs de créer leurs propres chez-eux virtuels et d’y inviter leurs amis.
« Citoyens de Facebook Horizon »
Anticipant les inquiétudes, Facebook a déjà pris soin de mettre en place plusieurs outils, avant même le lancement du produit, visant à protéger ses utilisateurs. Un bouton leur permettra par exemple de s’isoler immédiatement dans « un espace personnel ». Chaque utilisateur pourra aussi définir la distance à laquelle les autres pourront l’approcher. Enfin, les outils déjà présents sur Facebook permettant de bloquer un utilisateur ou de le signaler seront également disponibles sur Horizon.
Sur trois rubriques que contient la page officielle du service, une entière est d’ailleurs consacrée à « la citoyenneté ». « En tant que citoyens de Facebook Horizon, il est de votre responsabilité de créer une culture respectueuse et où tout le monde se sente à l’aise », peut-on lire en préambule. Cette page explique aussi que des « guides humains » seront disponibles dans Horizon « pour répondre aux questions et, si besoin, apporter leur aide ».
Mark Zuckerberg prévoit « l’ère de la VR »
Facebook s’intéresse depuis des années à la VR, et est devenu une des têtes de file du secteur en rachetant Oculus en 2014 pour 2 milliards de dollars. Malgré les débuts décevants de diffusion des casques de réalité virtuelle auprès du grand public, l’entreprise américaine ne semble pas se décourager. Bien au contraire.
« Je parierais que la part de la réalité virtuelle sera beaucoup plus importante que vous ne le pensez », déclare ainsi le PDG de Facebook en personne, Mark Zuckerberg, dans un entretien au Point publié mercredi soir, au moment des annonces d’Oculus. En plus de réactions sur les nombreuses affaires touchant actuellement Facebook (il se redit opposé au « démantèlement » de son entreprise, sujet âprement discuté, et indique que la cryptomonnaie Libra ne sera lancée qu’avec « les accords des régulateurs de chaque pays »), Zuckerberg s’y étend longuement sur sa vision de l’avenir des interfaces virtuelles :
« Bientôt, ce sera l’ère de la réalité augmentée et de la réalité virtuelle. Et ce qui distingue ces technologies, c’est qu’elles vous permettent d’être présent à un endroit et d’interagir avec votre entourage. Quand vous êtes face à quelqu’un qui a le nez sur un smartphone, vous ne ressentez pas sa présence. Avec la réalité virtuelle et augmentée, vous pouvez interagir avec vos proches. »
Pour le chef d’entreprise, la VR pourrait même avoir un rôle pour réduire certaines inégalités : « Sur le plan économique, vous devriez pouvoir travailler où vous voulez et les casques que nous mettons au point, comme Oculus Quest, permettent la “téléportation”. Voici le monde dans lequel je veux vivre : un monde où chacun d’entre nous a les mêmes possibilités, sans être pénalisé par l’endroit d’où il vient. »
Pour le moment, l’accès à la réalité virtuelle, dans une qualité correcte pour ce type d’expérience, reste encore coûteux. Mais les prix ne cessent de baisser, alors que les casques deviennent de plus en plus performants. « Aujourd’hui, un seul casque à 400 dollars permet de voyager dans le temps et dans l’espace », explique Mark Zuckerberg, dont le but reste de « vouloir rendre cette technologie accessible à tous ».