Initialement présentée comme un simple outil pour enregistrer l’écran de votre smartphone, cette application disponible sur le Play Store de Google a été récemment démasquée par un chercheur en sécurité de la société ESET. Il s’agit en fait d’un logiciel malveillant qui active le micro de votre appareil et envoie les enregistrements à un serveur contrôlé par des personnes mal intentionnées.
Plus de 50 000 utilisateurs ont téléchargé l’application iRecorder qui cache en réalité un mouchard espionnant votre micro. Selon un rapport de l’entreprise ESET, cette application malicieuse enregistre le son ambiant toutes les 15 minutes et le transmet à un serveur distant.
Une application Android qui enregistre votre micro à votre insu
Imaginez que vous utilisez sans problème une application pendant plusieurs mois, jusqu’au jour où vous découvrez qu’elle enregistre aussi le son de votre micro et l’envoie à un inconnu. C’est ce qui est arrivé à des dizaines de milliers d’utilisateurs Android, victimes d’une application malveillante nommée iRecorder. Une méthode qui est malheureusement assez répandue.
Lancée sur le Google Play Store en septembre 2021, l’application ne demandait pas de permissions excessives, mais uniquement celles nécessaires à l’enregistrement de l’écran du smartphone, ce pour quoi elle a été développée. Mais en août 2022, tout change.
Une mise à jour de l’application vient ajouter du code malveillant à l’application, provenant d’un logiciel espion open source appelé AhMyth. Ce dernier permet de prendre le contrôle à distance d’un appareil Android et d’accéder à ses données sensibles. Ainsi, l’application iRecorder a commencé à activer le micro du smartphone toutes les 15 minutes, à enregistrer le son ambiant et à le chiffrer avant de l’envoyer à un serveur contrôlé par l’attaquant. Ce processus se déroulait en arrière-plan, sans que l’utilisateur s’en aperçoive.
Une découverte tardive
Ce n’est qu’en mai 2023 que le pot aux roses a été découvert par un chercheur en sécurité de la société ESET, Lukas Stefanko. En analysant le comportement de l’application sur plusieurs appareils, il a remarqué qu’elle se connectait à un serveur distant et qu’elle envoyait des fichiers audio régulièrement. Il a également constaté que le code malveillant avait été modifié au fil du temps, ce qui indique que le développeur s’était perfectionné dans l’utilisation du logiciel espion AhMyth. Il a nommé cette nouvelle version du logiciel AhRat.
Stefanko a alerté Google, qui a retiré l’application du Google Play Store. Mais il était trop tard pour plus de 50 000 utilisateurs qui avaient téléchargé l’application et qui étaient potentiellement espionnés depuis des mois. Il est donc conseillé de vérifier la liste des applications installées sur son smartphone et de supprimer iRecorder si elle s’y trouve.
On ne sait, pour l’instant, toujours pas qui est derrière cette opération et quel est son objectif. Mais cette affaire illustre les dangers liés aux applications mobiles, qui peuvent être détournées à des fins malveillantes. On ne peut que vous conseiller de vérifier les permissions accordées aux applications, de lire les avis des autres utilisateurs et de vous méfier des applications qui vous semblent suspectes ou qui demandent trop d’autorisations lorsqu’elles sont installées.
Google est conscient des nombreux problèmes de sécurité liés aux applications présentes sur son Play Store. Android 14 devrait apporter des améliorations dans ce domaine, notamment en bloquant l’installation d’applications qui ne sont plus mises à jour depuis longtemps. Une mesure qui, dans le cas de cette affaire, n’aurait malheureusement pas été efficace…
Source : Ars Technica