Le personnel chez Twitter ne serait désormais plus suffisant pour maintenir la plateforme en place. Pas si étonnant, après le licenciement le 4 novembre dernier d’environ la moitié des employés de l’entreprise par Elon Musk, nouveau PDG. Un ingénieur affirme que la plateforme a d’importants risques de voir les bugs se multiplier dans les semaines à venir.
Quelques heures seulement après le départ des employés, des utilisateurs du célèbre réseau social ont souligné des dysfonctionnements du « retweet », l’une des fonctionnalités clefs de Twitter. Des dysfonctionnements qui, selon une source interne, risquent de ne pas aller en s’améliorant.
« Oh, je n’ai pas vu de retweet manuel depuis des années. La fonctionnalité commence-t-elle déjà à casser ? », s’interroge ici un internaute. Cette fonction, rapporte la revue MIT Technology Review, avait été introduite en 2009. Elle venait en effet automatiser une pratique déjà répandue : celle de copier la publication de quelqu’un tout en citant son identifiant. « C’était la première fissure publique dans l’édifice de la base du code de Twitter – un ‘bip’ sur le sismomètre qui avertit d’un tremblement de terre plus important à venir », souligne la revue. Ben Krueger, un ingénieur de Twitter qui s’est exprimé auprès de ce média, confirme l’information.
Avec la réduction drastique du personnel de chez Twitter, de nombreux développeurs et ingénieurs expérimentés sont partis. Difficile, dans ces conditions de maintenir la plateforme de façon aussi efficace qu’auparavant. Déjà, des bugs mineurs se dessinent sur le réseau social. Au-delà des retweets manuels, des lenteurs de chargement ont été constatées, ainsi que des erreurs dans l’affichage du nombre d’abonnés. « Les ingénieurs de Twitter ont conçu des sécurités sur lesquelles la plateforme peut se rabattre afin que les fonctionnalités ne soient pas totalement affectées, mais des versions réduites sont fournies à la place. C’est ce que nous voyons », décode Ben Krueger.
« De petits ennuis, pour commencer »
Il prédit déjà l’apparition rapide d’autres erreurs mineures : des comptes qui disparaissent et réapparaissent sans raison apparente, des tweets qui ne se chargent plus… « Ce seront de petits ennuis pour commencer, mais comme les correctifs principaux sont retardés, les choses s’accumuleront jusqu’à ce que les gens finissent par abandonner », craint-il. Tranquillement, le hashtag #twitterdown fait son chemin sur la plateforme, à mesure que les internautes notent les erreurs qu’ils constatent.
Comme le souligne l’agence de presse Reuters dans un article, Elon Musk, le dirigeant de Twitter, compte faire d’autres coupes budgétaires importantes : il souhaite ainsi réduire la charge du serveur de cloud computing de Twitter jusqu’à récupérer entre 1,5 et 3 millions de dollars par jour en coûts d’infrastructure. Ce projet est appelé le « plan de coupes profondes ».
Interrogé par le MIT Technology Review, Alan Woodward, professeur de cybersécurité à l’Université de Surrey, déclare que « à moins qu’ils n’aient massivement surconçu le système actuel, le risque d’une capacité et d’une disponibilité moindres semble une conclusion logique ».
Pour Ben Krueger, ce n’est donc que le début d’une longue série d’ennuis pour Twitter : « Je m’attendrais à voir des problèmes importants pour le public avec la technologie dans les six mois », conclut-il. « Et j’ai l’impression que c’est une estimation généreuse ».