Depuis le début de la pandémie, de nombreuses personnes ont publié sur les réseaux sociaux des photos de leur pain maison et de leurs 5 à 7 sur Zoom. Pourtant, il serait plutôt bénéfique de profiter de cette période pour mettre les écrans de côté.
En effet, si plusieurs ont comblé leur besoin de ne rien rater (le FOMO, fear of missing out) pendant la pandémie, Julie Mayer, coordonnatrice de la campagne Pause ton écran, souhaite que les jeunes adultes apprivoisent plutôt le JOMO, c’est-à-dire le joy of missing out, ou le plaisir de manquer quelque chose.
Se lever, attraper son téléphone intelligent et faire défiler son fil d’actualité sur les réseaux sociaux. Enchaîner avec les cours en ligne aux études supérieures ou avec le 9 à 5 en télétravail. Passer la soirée à visionner des séries télévisées sur des plateformes de diffusion en continu ou à jouer à des jeux vidéo en ligne. Tel est le quotidien de nombre de jeunes de 18 à 29 ans depuis le début de la pandémie.
On est tellement limités dans ce qu’on peut faire. On ne peut pas aller au resto ou au gym, donc la consommation des écrans a augmenté, et ce, pas juste chez les jeunes, mais bien dans toutes les strates d’âge.
Lors d’un sondage mené l’an dernier pendant la campagne de PAUSE, 97 % des répondantes et répondants ont affirmé se connecter par ennui. C’est ce qui a inspiré l’organisme pour la deuxième année de sa campagne, lancée ces derniers jours sur les réseaux sociaux.
J’ai pour objectif que le JOMO devienne une nouvelle norme sociale. Se dire que c’est correct de passer à côté de quelque chose pour vivre d’autres expériences
, mentionne Julie Mayer.
Les bienfaits de la déconnexion
Si au début de la pandémie, l’effet de nouveauté technologique était encore là, après quelques mois, les conséquences de l’hyperconnectivité sur la santé ont commencé à se faire sentir.
Le cycle est déréglé. Plus on avance, plus on glisse dans une cyberdépendance. Il ne faut pas oublier que tous ces outils technos sont conçus pour qu’on y retourne.
Une trop grande utilisation des écrans peut générer des problèmes d’anxiété, d’alimentation, d’estime de soi, de même que des relations tumultueuses et des troubles du sommeil.
Mais l’hyperconnectivité n’est pourtant pas appelée à disparaître. C’est pourquoi Julie Mayer, qui est aussi intervenante en dépendance, estime que les gens doivent apprendre à contrôler leur temps passé devant les écrans.
Une question d’équilibre
Pour l’intervenante, les écrans devraient faire partie de nos saines habitudes de vie, au même titre que l’alimentation et l’alcool.
Des fois, on trébuche et on regarde huit épisodes en ligne sur Netflix. On pourrait se dire que ce serait peut-être mieux de se limiter à deux, par exemple.
Elle propose également de laisser aller son imagination pour se trouver des activités qui ne nécessitent aucun écran.
Il faut se poser la question : qu’est-ce que j’ai laissé tomber et que j’ai toujours rêvé de faire? Ça peut être dessiner, tricoter, se remettre au sport, à la méditation, à la lecture, à la photographie, à la peinture
, énumère-t-elle.
L’idée, selon Julie Mayer, est de reprendre goût aux choses simples, comme le contact humain ou les activités en famille, entre colocataires ou en couple, selon la situation.
C’est le fun le 5 à 7 sur Zoom, mais ça ne remplacera jamais le contact en personne
, insiste-t-elle.
24 heures de déconnexion
Pour donner un coup de pouce à la population, la campagne Pause ton écran propose de mettre de côté les appareils électroniques pendant 24 heures. Le 22 novembre prochain, vous pourrez donc vous mettre au défi de passer une journée complète sans écrans, sans réseaux sociaux, sans jeux vidéo ou sans plateformes de diffusion en continu, à votre convenance.
L’idée, c’est vraiment d’y aller avec sa réalité. La solution dépend de notre travail, de si on a des enfants ou pas.
La coordonnatrice de campagne rappelle d’aviser son entourage de sa démarche et de prévoir des activités de remplacement.
Quelques astuces pour réduire le temps passé devant les écrans
- Enlever les notifications visuelles et sonores sur les téléphones intelligents et tablettes
- Utiliser les applications de gestion du temps d’écran pour connaître le temps passé sur les appareils
- Déterminer un horaire et des lieux où l’utilisation des écrans est permise ou interdite
- Éliminer les applications mobiles sur lesquelles on peut aussi se connecter avec un fureteur
- Cesser les excuses pour répondre dans la minute aux messages
- Régler ses réseaux sociaux, dans les paramètres, pour qu’ils s’arrêtent après une durée prédéfinie
- Essayer l’application Space qui ajoute un délai de 10 secondes avant l’ouverture des applications préférées
- Éviter d’avoir toujours en main son téléphone intelligent
Si les défis sont immenses, particulièrement en ce moment, pour diminuer le temps passé devant les écrans, Julie Mayer demeure tout de même optimiste :
Depuis quelques mois, on entend des phrases comme « j’ai hâte de voir mes amis en vrai, j’ai hâte de faire des activités ». Je n’avais jamais entendu ça de ma vie chez des jeunes, « je suis tanné de jouer aux jeux vidéo ».
Pour la coordonnatrice de la campagne de PAUSE, c’est une preuve qu’une réflexion sur l’hyperconnectivité s’amorce.
SOURCE: ici.radio-canada.ca