Des moyens existent pour vous protéger des témoins de navigation, mais les favicônes constituent une nouvelle menace.
Si vous utilisez Internet, vous en avez probablement déjà fait l’expérience : après avoir visité un site web, vous ouvrez une nouvelle fenêtre dans votre navigateur, puis on vous montre des publicités du site précédemment consulté. C’est l’œuvre des témoins de navigation, qui utilisent les données des internautes pour les cibler avec des contenus publicitaires.
Fondamentalement, le site web essaie de personnaliser notre expérience, donc il collecte des informations sur nous, et garde en mémoire ces informations dans une base de données
, explique Nur Zincir-Heywood, professeure au Département d’informatique de l’Université Dalhousie à Halifax et chroniqueuse techno à l’émission Information Morning sur les ondes de CBC.
Ensuite, pour pouvoir nous trouver dans cette base de données, les sites web gardent en mémoire les identifiants sur nos ordinateurs et téléphones intelligents.
Ces identifiants sont appelés témoins de navigations
, plus communément cookies
– et ils ne sont pas livrés avec des pépites de chocolat.
Ils sont de petite taille, mais ils font un excellent travail en termes de profilage, indique Nur Zincir-Heywood. Pensez à eux comme à des miettes de biscuit. Ils nous suivent [un peu partout quand on en mange].
Mais ça ne s’arrête pas là : ces sites web peuvent également avoir des accords avec d’autres entreprises qui leur permettent de laisser leurs témoins sur vos ordinateurs et téléphones intelligents.
Vous avez peut-être vu des messages apparaître dans votre navigateur web, vous demandant de gérer vos témoins ou de les accepter. On vous demande « Voulez-vous faire l’objet d’un profilage? » Pensez-y de cette façon, a déclaré Zincir-Heywood. Et j’espère que vous direz non.
Enjeux de cybersécurité
Les témoins de navigation peuvent être potentiellement détournés par des pirates informatiques, qui peuvent être en mesure de prendre le contrôle de comptes d’internautes afin de voler leurs données personnelles.
Vous pouvez toutefois refuser les témoins en vous rendant dans l’onglet Vie privée
du menu Préférences
de votre navigateur. Mais certains sites web peuvent ne pas vous donner accès sans l’autorisation des témoins.
Si cela se produit, Zincir-Heywood suggère de les autoriser, mais de prendre le soin de supprimer votre historique et d’effacer les témoins en utilisant votre menu des préférences.
Naviguer sur le web en mode incognito peut également être une solution, selon la chroniqueuse.
La nouvelle menace des favicônes
Bien que ces mesures puissent être utiles pour les témoins, Zincir-Heywood affirme qu’il existe une nouvelle menace pour la vie privée sur Internet : les favicônes.
Ce sont les petites icônes que vous voyez dans le coin de l’onglet lorsque vous naviguez sur un site web. Bien que ces icônes puissent paraître inoffensives, Zincir-Heywood indique qu’une équipe de recherche a récemment découvert qu’elles pouvaient être utilisées comme moyen de suivre l’activité d’une personne sur le web.
Cette image peut être associée à des informations qui peuvent nous identifier. Et tout comme un témoin, elles peuvent ensuite être utilisées pour le profilage dans une base de données.
Mais contrairement à un témoin de navigation, il n’y a aucun moyen de s’en affranchir, car les favicônes sont gérées par le fureteur.
Selon la chroniqueuse, cette découverte a poussé des compagnies comme Brave à se différencier en offrant un navigateur plus respectueux de la vie privée.
Dans un article de blogue publié mercredi, David Temkin, un directeur de Google, a indiqué que le géant se faisait souvent demander s’il comptait joindre sa voix à d’autres publicitaires qui prévoient de remplacer les témoins tiers par d’autres types d’identifiants.
Aujourd’hui, nous précisons qu’une fois les témoins tiers éliminés, nous ne créerons pas d’autres identifiants pour suivre les internautes lorsqu’ils surferont en ligne, et nous ne les utiliserons pas non plus dans nos produits.
Si des bloqueurs peuvent être utilisés pour freiner les publicités ciblées, Zincir-Heywood croit qu’ils n’empêchent pas la collecte des informations.
Maintenant que nous connaissons l’existence des favicônes, espérons qu’un entrepreneur trouvera un moyen de les bloquer également
, souligne-t-elle.
Mais en attendant, ayez-les témoins à l’œil.