Il existe des couleurs autres que celles que nous connaissons et que nous, en tant qu’êtres humains, ne pouvons percevoir, pas plus que les caméras conventionnelles, d’ailleurs. Mais grâce aux efforts de chercheurs de l’Université de Tel-Aviv, cela est désormais possible. Ils ont mis au point une technologie tout à fait inédite qui permet de capter très nettement des teintures jusque là invisibles à l’œil nu.
Grâce à cette méthode, les scientifiques ont pu imager, notamment, de l’hydrogène, du carbone ou du Sodium aux couleurs spécifiques à l’intérieur du spectre infrarouge.
Dirigée en collaboration par Michael Mrejen, Yoni Erlich, Dr Assaf Levanon et le Haim Suchowski du Département de physique des matériaux condensés de TAU, l’étude a été rapportée dans Laser & Photonics Reviews, en octobre dernier. Selon le Dr Mrejen, notre vue peut avoir accès à des photons à des longueurs d’onde allant de 400 à 700 nanomètres. Cependant, le spectre électromagnétique compte également des ondes radio, micro-ondes et des rayons X. Il explique par ailleurs que le rayonnement ultraviolet est à une longueur d’onde inférieure à 400 nanomètres et que l’infrarouge (proche, moyen et lointain) est au contraire au-dessus de 700 nanomètres. Ces différentes sections du spectre électromagnétique sont toutes dotées de données concernant des matériaux codés de telle manière que leurs couleurs n’ont jamais été détectées.
L’intérêt de ces couleurs réside dans le fait qu’elles constituent une signature unique de matériaux comme dans le cas des tumeurs cancéreuses, par exemple. Cela consiste en fait à utiliser l’imagerie médicale pour transformer les images infrarouges en lumière afin de parvenir à identifier les cellules infectées grâce à leurs molécules généralement plus concentrées.
Pour rendre cela plus disponible et moins coûteux, les experts ont justement tenté de créer une technique à la portée de tous et dont les résultats sont nettement plus concluants. Montée sur n’importe quelle caméra, elle peut aider à ramener les photons de lumière de la zone infrarouge moyen à une fréquence qui les rendent visibles pour l’œil humain et détectable par un objectif de caméra ordinaire.
La perspective d’une capacité visuelle qui pourrait s’étendre au domaine infrarouge serait très intéressante, d’autant plus que nous pourrions alors capturer des éléments normalement imperceptibles. Mais ce n’est pas tout ; il serait possible également de suivre plus efficacement les émissions de gaz dans l’atmosphère ou de déjouer des attentats à la bombe dans le cadre de la lutte antiterroriste.
En attendant que son invention soit approuvée, l’équipe ne chôme pas ; elle s’attèle à améliorer le rendu de ce procédé avec l’aide financière du programme KAMIN de l’innovation Autority. Et ils comptent bien élargir le cercle de leurs « bienfaiteurs » en prenant contact avec d’autres investisseurs potentiels.