Une étude démontre que le niveau de batterie change notre perception de l’espace-temps. Un chercheur britannique a remonté la source de cette angoisse permanente.
« Si votre téléphone est vidé, symboliquement, vous mourrez ». Telle est la conclusion un tant soit peu mélodramatique de l’étude menée par l’anthropologue Thomas Robinson, rapportée par le site Fast Company.
Au sein de l’université britannique Cass Business School, le chercheur a réalisé une étude qui porte sur la manière dont la batterie de nos smartphones affecte notre vie. Cet anthropologue affirme que le niveau de chargement de notre mobile modifie notre rapport au temps et l’espace.
« Si vous êtes en train de faire du shopping avec un ami et que vous batterie vous lâche, cela va déterminer où vous irez –quelque part où vous pourrez la recharger », explique Thomas Robinson.
Un compte à rebours
Selon lui, l’icône de la batterie est vue comme un compte à rebours. « Cela change votre perception du temps, précise Thomas Robinson. Plutôt que de penser en heures ou en minutes, vous vous dites : “J’ai encore l’équivalent d’une demi-heure de batterie.” » Selon lui, on ne pense plus en kilomètres non plus : « Les gens ne pensent plus que leur destination se trouve à 10 km ou à 10 arrêts de métro. Ils pensent qu’ils sont à 50 % de batterie de ladite destination ».
Méthodologiquement, sa recherche s’est concentrée sur 22 Londoniens entre 20 et 50 ans, qui utilisaient leur smartphone entre 1 à 3 heures par jour. Thomas Robinson les a suivis quotidiennement pour déterminer la place et l’influence de leur mobile dans leur vie réelle.
« L’exigence des consommateurs vis à vis de leurs téléphones vont augmenter exponentiellement dans la prochaine décennie, estime Thomas Robinson. La durée de nos batteries ne sera jamais suffisante. Jamais. »
L’anthropologue révèle aussi que, durant les interviews, l’état d’anxiété des personnes interrogées variait selon le niveau de chargement de leur smartphone.
« Une batterie pleine leur donnait l’air serein, ils pouvaient aller n’importe où et faire ce qu’ils voulaient. Dès que la jauge était à moins de la moitié, cela provoquait de l’anxiété et de l’inconfort chez les participants », écrit Thomas Robinson dans son résumé.
Des espaces de chargement, un enjeu sociétal ?
C’est pourquoi la batterie est un enjeu crucial pour les constructeurs. Et que l’autonomie et la recharge sont désormais au centre de leur argumentaire marketing.
Plutôt que miser sur le progrès technique, Thomas Robinson plaide pour la mise en place d’infrastructures dans l’espace public pour que tout le monde ait accès à des points de recharge partout, tout le temps. L’expérience new-yorkaise de stations solaires de chargement en 2013 de l’entreprise Pensa va dans ce sens. En France, en revanche, de tels projets ne sont actuellement pas sur la table.
« Je pense que les gens devraient en parler davantage, conclut Thomas Robinson. Il s’avère que bon nombre de ces problèmes de batterie sont tacites. Nous les comprenons tous. Nous avons tous ces règles à leur sujet. Mais elles ne deviennent aiguës que lorsque la batterie est épuisée.»
Source : Cass Business School via Fast Company